JEAN ROUCH ? CHERCHEUR, AFRICANISTE
samedi 2 décembre 2017 14:00 - 18:00

Séance spéciale en partenariat avec la Société des africanistes.

La Société des africanistes et le Comité du film ethnographique, associations sises au musée de l’Homme dès 1939 pour l’une et depuis sa création en 1952 pour l’autre, ont été le cadre mais aussi au fondement de nombre de travaux de Jean Rouch. L’importance du Comité du film ethnographique, dans le travail de Rouch, est comparable à celle qu’eut la Société des africanistes pour Marcel Griaule, qui en fut l’initiateur. Parrainé par Griaule et Germaine Dieterlen, Rouch est élu membre de la Société des africanistes en juin 1946 (plus tard, il entrera au conseil d’administration) ; en mars 1946 il y a présenté « Le culte des génies chez les Songhay », ensuite publié dans la revue de l’association (c’est son second article), et les années suivantes il y effectue d’autres communications, souvent couplées à la projection d’un de ses films. Joindre l’image cinématographique et l’exposé oral est alors récurent aux séances mensuelles de l’association, où à la toute première (novembre 1930), lit-on dans les « Actes de la Société », ont été projetés cinq « films d’un grand intérêt ethnographique ». Et si, dans ce partenariat, nous mettons l’accent sur Rouch « chercheur » plutôt que « cinéaste », c’est sans omettre que ces deux dimensions de son travail s’entremêlent volontiers, si ce n’est s’obligent l’une l’autre.

Luc Pecquet, ethnologue et président du Comité du film ethnographique

 

Rouch, chercheur, africaniste ? Pour en parler, deux thèmes sont à l’honneur, six chercheurs sont invités, trois films sont projetés.

Le premier thème, Rouch ethno-historien des Songhay-Zarma, sera entrepris par Alfred Adler (EPHE) à partir notamment de la « Contribution à l’histoire des Songhay » (Rouch 1953), tandis que Stephan Dugast (IRD) et Danouta Liberski-Bagnoud (CNRS) reviendront sur « Les cavaliers aux vautours » (Rouch 1990), en interrogeant cette conquête de l’arrière-pays Ashanti par des cavaliers zarma  au milieu du XIX siècle du point de vue des concordances intéressant leurs « terrains » respectifs d’ethnologues, mais aussi ses prolongements dans l’actualité.

Nicolas Adde (doctorant EPHE), Dominique Jaillard (Université de Genève) et Odile Journet-Diallo (EPHE) aborderont plus spécifiquement le deuxième thème, Rouch et l’anthropologie religieuse, en revenant notamment sur ses travaux concernant les notions de double, de possession et de sacrifice, et leurs articulations (« Essai sur les avatars de la personne du possédé, du magicien, du sorcier, du cinéaste et de l’ethnographe », 1971, « Sacrifice et transfert des âmes chez les Songhay du Niger », 1976).

Les projections associées à cette table ronde comprennent, d’une part, l’unique film historique réalisé par Jean Rouch, Babatu : les trois conseils (1977, 92’), et, d’autre part, Sacrifice obulo (1977, 10’), ainsi que Yenendi, les hommes qui font la pluie (1951, 25’).

 

Séance animée par Luc Pecquet.

 

Jean Rouch pendant une séance de travail avec les Zabrama, Accra, Ghana (ex Gold-Coast), 1954, (auteur inconnu) – BnF, département des Manuscrits, fonds Jean Rouch © Jocelyne Rouch.