Festival international Jean Rouch 2018 | Jean Rouch International Film Festival 2018
Regards Comparés : Sibérie / Crossed Views: Siberia
lundi 12 novembre 2018
mardi 13 novembre 2018
mercredi 14 novembre 2018
jeudi 15 novembre 2018
14:30 - 18:00 INALCO Comment naît le cinéma ? Anastasia Lapsui, elle-même, me dit qu’il lui a fallu vivre longtemps avant d’approcher la naissance magique d’un film. Nénètse de…
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Des frères Lumière à la lumière du Nord
Un an après la première séance publique payante du cinématographe Lumière au Salon Indien du Grand Café de Paris, la Sibérie découvre à son tour le cinéma. En effet, Fedot Makhotine acquiert un appareil des frères Lumière à l’exposition panrusse de Nijni-Novgorod, en 1896, et entreprend, aussitôt son retour à Novo-Nikolaevsk (act. Novossibirsk), une tournée dans les villes de Sibérie avec son cinématographe, quelques courts-métrages et une ménagerie… grâce au Transsibérien notamment, à partir de 1907 !
Comme le montre l’épopée locale du cinématographe, la Sibérie a longtemps été un espace culturel ouvert, loin de la seule image de désert ou de désolation qui a souvent prévalu dans la littérature et les esprits. Nombre de Sibériens sont issus de communautés marginalisées par l’histoire russe, mais aussi de l’espace infini où il leur a fallu trouver leur place : autochtones composant avec la conquête et la « colonisation » de leur univers ; vieux-croyants en quête d’une terre libre de toute persécution religieuse et inaccessible à l’Antéchrist et ses anges déchus (le tsar et ses fonctionnaires) ; colons fuyant le servage ou la collectivisation ; opposants faisant figure d’ennemis de la Couronne ou d’« ennemis du peuple », etc… Ces deux composantes essentielles de la façon sibérienne d’être au monde expliquent en partie l’esprit libre et la force que l’ont ressent souvent à travers nombre de ces portraits croisés dans les toundras, les taïgas et les villes.
En partenariat avec l’Inalco pour la sixième année, ces Regards comparés du festival du film ethnographique Jean Rouch, veulent partager un peu de cette contrée qui bouleversait l’écrivain sibérien Nikolaï Polevoï et son héroïne : « Amalia quitta sans regret la Crimée en fleur, et son âme, par contraste, sembla s’éveiller en Sibérie. Les sombres forêts, les montagnes sauvages, les steppes infinies, les fleuves semblables à des mers, les dix soleils dans le ciel d’hiver, la canicule de l’été sibérien, la simplicité, la bonhomie des habitants, la pensée qu’elle vivait au bout du monde, dans les profondeurs de l’Asie, les rapides contrastes du climat, de l’hiver et de l’été : tout cela charmait Amalia. Le pays de Crimée, épuisé par la luxuriance de sa nature, ne pouvait insuffler à Amalia des impressions aussi fortes et des sentiments aussi vifs ». Un seul regret : ne pouvoir tout vous montrer. Toute l’équipe du festival vous souhaite de bons Regards Comparés 2018 : Lumière sur la Sibérie !
D. SNdC, maître de conférences en études sibériennes, Inalco, 28 septembre 2018