En 2011, 2012 et 2013, Bertille Bak a rencontré une fratrie de 5 garçons chasseurs-débardeurs vivant de façon autonome au coeur de la forêt alsacienne, dans le hameau du Ursprung, dont elle a ensuite partagé le quotidien. Ils sont gardiens des quotas de chasse, de la régulation des espèces animales, des traqueurs et du travail du bois. L’artiste a observé l’organisation des troupes de chasseurs, les traditions et les codes qui subsistent et qui se perpétuent. Dans son film Le Hameau, Bertille Bak nous plonge dans l’univers de cette famille, une immersion hors du temps dans le Ursprung qui signifie littéralement « le saut de la montre » en alsacien. Proche des recherches de l’ethnologue et préoccupée par les conditions sociales, Bertille Bak collecte, archive les traces et les témoignages de populations qu’elle rencontre. Avec une dérision mélancolique, sans prendre parti, le film s’attache à une réalité singulière. Il en émane un questionnement tout en délicatesse sur la frontière entre le domestique et le sauvage, la personnification des animaux ou la précarité des modes de vies marginaux. (Galerie Xippas)
Attachée à l’observation de la société, à l’analyse précise d’un terrain, Bertille Bak prend pour sources les communautés ou les collectivités au contact desquelles elle évolue, dont elle observe les rites, les gestes, les objets et qu’elle implique dans ses projets. Avec la complicité des individus qu’elle rencontre, se construit un récit entre documentaire et fiction où la poésie et l’utopie supplantent le simple constat d’une situation. Qu’il s’agisse de sa propre communauté, celle des corons du Nord de la France ou de groupes qui lui sont étrangers, il n’est jamais question pour elle de se mettre à distance ou d’opter pour un regard éloigné, mais bien au contraire de partager une séquence de vie, une lutte, une résistance. Comprendre l’organisation entre les individus, répertorier leurs histoires personnelles et collectives, les traditions et folklores qui les lient, leurs passe-temps et révoltes est au coeur du travail de Bertille Bak. Pour l’artiste, le collectif a du sens ; quel que soit le projet, il porte l’homme en son centre. Bertille Bak défend un travail qui croit en la possibilité d’inventer à plusieurs des manières d’appréhender différemment le réel. (Galerie Xippas)