Dix ans après Children in Heaven, suite à l’énième démolition subie par les habitants de Sanying, Mayaw Biho reprend sa caméra pour aller à la rencontre des enfants qu’il avait filmés. Bon nombre d’entre eux, désormais adultes, n’habitent plus à Sanying mais y retournent souvent, pour voir et soutenir ceux qui sont restés sur place. Le réalisateur retrouve ainsi les traces des jeunes protagonistes de son premier documentaire et organise une projection pour eux. Au fur et à mesure que les souvenirs font surface, chacun d’entre eux évoque les humiliations d’une vie vécue en marge d’une société qui continue de les exclure.
Mayaw Biho (nom chinois Peng Shisheng) naît en 1969 dans le village aborigène de Shiloh. Son père est chinois et sa mère d’ascendance ami, groupe ethnique austronésien majoritaire à Taïwan. Il fait ses études de cinéma à Taipei, à l’université de Shih Hsin et n’attend pas l’obtention de son diplôme pour réaliser ses tout premiers films, Children in Heaven (1997) et As Life, as Pang-cah (1998). Ses origines inspirent son travail de documentariste, consacré pour une large part aux communautés aborigènes. Son style rompt avec la façon classique de les représenter à l’écran, car Mayaw Biho touche au réel tout en sollicitant des émotions et en communiquant un point de vue, différent, un ton qui s’éloigne des versions officielles et redonne aux Aborigènes une dignité longtemps niée. En 2000, Mayaw Biho prend part à l’organisation du premier Festival du Film Aborigène (The Real Pang-cah Amei Film Festival, Taipei). Son activité de documentariste est soutenue par un engagement politico-social constant, qui le voit toujours en première ligne dans les luttes des Aborigènes pour la réaffirmation de leur identité. Ses travaux contribuent ainsi à abattre les préjugés dont ils sont victimes à la vill ?e comme à l’écran. Metteur en scène très prolifique, avec plus de trente documentaires à son actif, Mayaw Biho a participé à de nombreux festivals internationaux et remporté plusieurs prix.