Dans la remise d’un petit théâtre de Palerme, les Pupi (les fameuses marionnettes siciliennes) se lamentent sur leur sort alors que le réalisateur débarque pour la première fois en Sicile.
Même si Pasolini annonçait en 1975 la Disparition des Lucioles, le triomphe du Château des Mensonges berlusconien et la fin politique du monde, de nouvelles rencontres et la lecture d’un petit essai de Georges Didi-Huberman vont venir questionner le pessimisme
désabusé du cinéaste.
Son récit intime se colore peu à peu d’espoir et de révolte, sous le signe d’Orlando, le prince blessé des Pupi, et des lucioles. Dans son regard documentaire et lucide sur la Sicile d’aujourd’hui, les clichés se rebellent : derrière la théâtralité des Pupi, la déréliction politique, l’homosexualité honteuse et l’omniprésent culte de la mort, finissent par se dessiner des poches fragiles de résistance. « Et d’abord, les lucioles ont-elles disparu ? Ont-elles TOUTES disparu ? »
Depuis son premier long-métrage Rome Désolée (1996), Vincent Dieutre explore les limites du documentaire, de l’autobiographie filmée, de l’installation vidéo (Sakis : Un Tombeau, 2011) et de la création radiophonique.
Cinéaste avant tout, la reconnaissance critique et publique de sa démarche lui permet de continuer àinventer son cinéma à la première personne, nourri d’art, de musique et d’intime.
Pour le cinéma, ses contre-propositions au documentaire historique (Fragments sur la Grâce, 2006) ou au film pornographique (Despues de la Révolucion, 2007) affirment la diversitéde son travail. En 2002, il commence une série de petites formes qu’il nomme ses Exercices d’Admiration et après Kawase, Eustache et Cocteau, il vient d’achever un Exercice d’Admiration àRoberto Rosselini : Viaggio nella Dopo-storia, voyage en post-histoire (Berlinale 2015).
Tout son travail explore l’inconscient européen qu’il soit culturel, sexuel ou politique sous l’angle de la subjectivité la plus radicale. Ses deux films les plus remarqués, Leçons de Ténèbres (2000) et Mon Voyage d’Hiver (2003) ouvraient le cycle des Films d’Europe qu’il clôt aujourd’hui en Sicile avec Orlando Ferito.
Fiche technique
Un film de / a film by : Vincent Dieutre (France)Scénario et dialogues : Camille de Toledo, Giulio Minghini et Vincent Dieutre
D’après des textes de Pier Paolo Pasolini, Giorgio Agamben et Georges Didi-Huberman
Image : Arnold Pasquier
Son : Benjamin Bober
Montage : Dominique Auvray
Producteur délégué : Stéphane Jourdain
Direction de production : Alain Bastide et Frédéric Duuez
Assistante de production : Elsa Barthélémy
Producteur : La Huit production, Stéphane Jourdain
Producteurs associés : Gilles Le Mao, Laurence Milon et Caroline Helburg