Samedi 9 janvier 2016, de 10h30 à 13h30
Auditorium Jean Rouch – Musée de l’Homme (17 place du Trocadéro, 75016 Paris) Entrée libre
Rencontre avec le cinéaste Denis Gheerbrant autour de son film Et la vie
Discussion menée par Jean-Paul Colleyn : directeur d’études EHESS, cinéaste et anthropologue.
Et la vie France / 2001/ 90 minutes / VF Image, son, réalisation : Denis Gheerbrant (France) Montage : Catherine Gouze Production : Les Films d’ici, INA, La Sept ARTE
De Marseille à Longwy, de Roubaix à Genève, dans les paysages de la désindustrialisation et des banlieues fantômes, des jeunes, orphelins des rêves de leurs pères, des sidérurgistes sans lendemains, une sage femme et bien d’autres encore, parlent d’eux et de ce qui les a fait, d’un monde perdu et d’une vie à s’inventer dans un monde désirable. Un grand thème parcourt le film : la disparition de ce que l’on appelle la classe ouvrière.
« Denis Gheerbrant parvient avec Et la vie à se confronter directement à ce qui l’intéresse et qui pourrait se résumer à deux interrogations : comment filmer l’autre et pourquoi le filmer. Deux grandes questions au cœur du cinéma documentaire et qui passent chez [lui] par la notion de contrat : Et la vie est le début d’une passionnante et indispensable série de films qui vont, au-delà de leur richesse propre, chercher à définir quelle est la nature du contrat qui s’établit entre le filmeur, le spectateur et celui qui accepte d’être filmé. » […] « En arpentant ce territoire meurtri, en faisant mille kilomètres pour aller d’un individu à un autre, Gheerbrant retisse du lien, reconstruit des ponts, recrée du commun. C’est là le cœur de son œuvre : le cinéma est pour lui un art qui intrinsèquement fabrique du commun. » (Patrick Leboutte)
Denis Gheerbrant
Après des études littéraires à Nanterre, il rentre, en 1969, à l’IDHEC au département réalisation et prises de vues. De 1972 à 1977, il se partage entre l’enseignement à Paris I et Paris VIII, le métier de chef opérateur et un travail personnel dephotographe. Denis Gheerbrant tourne son premier film, Printemps de square, en 1978, avec de jeunes parisiens d’un quartier du XVe arrondissement. Son travail de cinéaste s’inscrit dans la continuité du cinéma direct initié en France par des réalisateurs comme Chris Marker, Mario Ruspoli ou Jean Rouch. A travers des projets très différents, dans des lieux circonscrits : La vie est immense et pleine de dangers (1994) ; Grands comme le monde (1998), ou dans des explorations larges : Et la vie (1991) ; Le Voyage à la mer (2002) ; Après, un voyage dans le Rwanda (2004), il filme seul dans des relations suivies ou des rencontres fortuites. Dans tous ses films, son questionnement travaille à faire émerger une parole propre à chacun de ses interlocuteurs. En 2009, La république Marseille, suite de sept films, fait l’événement au festival Cinéma du réel. Lors de la sortie du film, le critique belge Patrick Leboutte écrit : que signifie habiter ce monde-ci et faire avec ce qui nous arrive sans disparaître, depuis le lieu même où l’on vit et où souvent l’Histoire nous établit, entre désastre politique et catastrophes humaines. Recomposant avec eux le récit de ceux qui n’écrivent pas, écoutant ce qu’il filme, Denis Gheerbrant arpente en solitaire l’espace entre les hommes, en quête de bien commun dans les quartiers populaires de Marseille. Cinq ans après sort sur les écrans On a grevé, film sur la lutte de femmes de chambres qui affrontent le deuxième groupe hôtelier d’Europe. Denis Gheerbrant prépare actuellement un nouveau film.