Violaine Baraduc est en doctorat d’anthropologie sociale à l’EHESS et travaille sous la direction de Jean-Paul Colleyn et Stéphane Audoin-Rouzeau. Sa recherche porte sur la participation des femmes au génocide commis contre les Tutsi rwandais et sur l’élaboration d’une mémoire du génocide en prison. Diplômée en 2011 du Master 2 professionnel DEMC par l’université Paris-7, elle s’est formée pendant un an aux métiers du documentaire. La réalisation du long métrage A mots couverts avec Alexandre Westphal a occupé une place centrale dans la mise en œuvre d’un dispositif de recherche permettant de répondre aux contraintes posées par l’espace carcéral. Le film a reçu le grand prix du documentaire historique aux Rendez-vous de l’histoire de Blois en octobre 2015 et celui du festival Images de justice à Rennes en 2016. Il faisait également partie du palmarès des étoiles de la SCAM pour l’année 2016.
Pour cette séance portant sur la violence, Violaine Baraduc introduira brièvement les modalités d’engagement des femmes dans la férocité génocidaire et les spécificités d’une telle recherche, avant de revenir sur le processus de fabrication du film. Comment mettre en scène des personnages détestables ? Comment choisir d’aborder l’Histoire lorsqu’on se confronte à un tel sujet ? En s’appuyant sur d’autres documentaires consacrés à la figure du bourreau, elle traitera des difficultés posées par un objet écrasant et discutera entre autres de la question du point de vue, du contrat moral passé avec les personnages, du contexte de production du témoignage, du montage de la parole, de la force dramaturgique du pardon.
Œuvres présentées
À mots couverts
Dans l’enceinte de la Prison Centrale de Kigali, huit femmes incarcérées témoignent. Vingt ans après le génocide perpétré contre les Tutsi rwandais, Immaculée et ses codétenues racontent leur participation aux violences, retracent leur itinéraire meurtrier et se confient. A l’extérieur, le fils qu’Immaculée a eu avec un Tutsi occupe une place impossible entre bourreaux et…