Silvia Paggi

Les observations filmiques pertinentes en ethnographie
et les nouveaux médias de diffusion

Silvia Paggi 1


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Résumé

L’influence des nouvelles technologies numériques et multimédia sur les
recherches filmiques effectuées dans ces dernières années amène une réflexion
sur les changements qu’interviennent notamment dans la forme d’organisation et
de présentation des matériaux acquis, mais qui ne peuvent demeurer sans
répercussion au niveau du tournage. Les matériaux enregistrés à Samoa, en
2000, ont été finalisés au projet franco-canadien d’Encyclopédie Culturelle
Hypermédia de l’Océanie (CNRS/CREDO), essentiellement conçu pour Internet,
dont l’une des nouveautés conceptuelles majeures consiste dans la structuration
d’entrées appelées « attracteurs sémantiques ». Aussi, l’influence du développement
du DVD comme support de diffusion investit l’organisation des mes recherches
actuelles en Camargue concernant les syncrétismes en acte aussi bien dans les
musiques et danses traditionnelles que dans le contexte rituel où elles s’inscrivent.

Dès les premières expérimentations multimédias dans le domaine de l’ethnologie,
on devinait la place que le film pourrait y tenir ; cependant, des contraintes d’ordre
essentiellement technique n’autorisaient que de brefs extraits, à côté des textes
écrits, des images fixes ou des animations en 3D. Cela était vrai tant pour le
support CD-Rom que pour les applications sur Internet. Le développement du
support DVD, en revanche, modifie les possibilités de stockage et de diffusion des
films, phénomène déjà clairement vérifié pour les productions commerciales.
Parallèlement, la montée en puissance du réseau hauts débits ouvre, entre autres,
la voie d’accès aux produits audio-visuels sur le WEB.
Pour la communication ethnologique, en général, c’est donc une nouvelle ère qui
s’ouvre avec des implications spécifiques en ce qui concerne l’anthropologie
visuelle. Les répercussions sur la recherche, mais aussi sur la réalisation filmique
sont indéniables, et quelques aspects de ces transformations commencent à se
dessiner.
Parmi les multiples et diverses mutations, je voudrais ici prendre en compte celles
qui ont trait à la corrélation entre les enregistrements ethnographiques de
recherche sur le terrain et l’organisation de leur communication. A première vue,
cela semble coïncider avec le processus de réalisation d’un film ethnographique,
et sans doute la forme de l’élaboration du montage en est affectée. Toutefois, ce
sont les enregistrements de terrain eux-mêmes, dans leur ensemble, qui me
semble pouvoir trouver un nouvel espace de présentation et, par conséquent, des
nouvelles stratégies de communication et de mise en scène.
Aussi est-ce un postulat méthodologique de base, plusieurs fois réaffirmé dans le
cadre de mes recherches, qui pourrait trouver une réelle issue grâce aux
nouveaux médias de diffusion. Il faut également prendre en compte qu’une
2
démarche méthodologique, bien que théorisée et en partie appliquée, se trouvera
cependant nécessairement modifiée au moment où de nouvelles techniques
autorisent véritablement sa concrétisation, l’impliquant dans un processus
d’identification et d’éclaircissement. Je me réfère à ce que je me suis résolue à
appeler des enregistrements filmiques pertinents en ethnographie, directe
conséquence de la pertinence de l’observation ethnographique de terrain, dont ils
sont la trace.
Bien entendu, pour envisager ce postulat, il faut préalablement admettre
l’existence d’une observation ethnographique « pertinente » proprement dite que
le chercheur-cinéaste effectue sur le terrain. Cela ne va pas toujours de soi,
contrairement à ce que l’on pourrait croire, car, au sein même de la discipline, la
conscience de la souplesse de nos méthodes de base est claire, en raison
notamment de l’évidence de l’implication du chercheur en tant qu’individu, tout le
long du processus de recherche et de son élaboration.
Nonobstant cette flexibilité, on est bien obligés, sous peine de discrédit
épistémologique de l’anthropologie, d’admettre au moins l’existence d’une
« approche anthropologique »i et, par conséquent, de l’étendre aux déclinaisons
audio-visuelles et multimédia de la discipline.
L’observation étant au cœur de la démarche ethnographique de terrain, il a été
maintes fois souligné, au sein de l’anthropologie visuelle, l’importance des
modifications apportées par l’observation filmée par rapport à l’observation directe
et à la prise de notes écrites. Concernant ces dernières, il faut préciser que les
enregistrements audio-visuels ici envisagés ne sont pas assimilables, on le verra,
au carnet de notes.
Dans mes recherches de ces dernières années, ont pris corps deux cas différents
concernant les implications d’un nouveau support informatique de diffusion, selon
que celui-ci avait été prévu dès le départ de l’enquête (tournages à Samoa) ou ne
l’avait pas été (tournages en Camargue). C’est également à partir de ces
expériences récentes que s’alimentent les réflexions qui suivent, dont pourtant la
problématique est bien antérieure.

Les observations filmiques pertinentes en ethnographie

Envisager une méthode pour le recueil des données ethnographiques fait
d’emblée penser aux instructions de Maussii ou de Griauleiii, sorte d’actes
constitutifs pour l’ethnographie elle-même. Pour autant qu’ils puissent, de nos
jours, apparaître datés par certains aspects, les ouvrages de ces auteurs
témoignent de l’attention portée aux descriptions issues de l’observation directe.
Or, la capacité descriptive est l’un des atouts majeurs du cinéma ethnographique,
évidemment liée aux qualités d’observation et de représentation filmique de
l’anthropologue-cinéaste. De plus, on le sait, les possibilités de l’analyse
descriptive se trouvent remarquablement accrues en vertu de l’observation
différée et partagée qu’autorisent les enregistrements. iv
La formation consacrée à l’anthropologie filmique me paraît pouvoir englober et
développer la pertinence ethnographique de l’observation filmée, ainsi reconvertie
en donnée ethnographique. En puissance, évidemment, car nous sommes
malheureusement conscients de la carence des formations institutionnelles dans
ce domaine. Toutefois, à côté des apports théoriques et des rares formations
spécialisées, l’expérience du regard face à la multiplicité et la variété des
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réalisations dans ce domaine, constituent un véritable creuset de formation à
l’approche anthropologique. C’est l’un des mérites majeurs de nos rencontres
disciplinaires et l’enseignement de Jean Rouch l’a amplement démontré. En
revanche, est davantage confié à la capacité de chacun de créer des corrélations
entre ses propres savoirs anthropologiques et ces « transmissions orales »
bigarrées – que sont les films et les discours sur les films.
Il est tout à fait possible pour l’ethnologue-cinéaste d’acquérir des données
ethnographiques filmées non seulement sur la base de ses intérêts de recherche
immédiats et des réalisations filmiques qui leur sont attachées, mais de manière
que les enregistrements demeurent exploitables en vertu de leurs propres qualités
ethnographiques. Dans ce dessein, l’observation filmée élabore une stratégie de
tournage guidée par les catégories d’interprétation de la culture élaborées au sein
de la discipline.v Au-delà de tout film de montage qui puisse en être l’issue, ces
enregistrements pertinents constituent donc un corpus de documentation
ethnographique. On ne saurait trop insister sur le fait que c’est au niveau
ethnographique que se situe d’abord, et principalement, un travail de ce genre.vi
Dans cette perspective, plusieurs films montés peuvent a priori voir le jour à partir
d’un même corpus filmé. Évidemment, dans tout montage le poids de
l’interprétation de l’auteur se fait plus important. Cette interprétation ne ce fait pas
seulement sentir par le commentairevii, car elle s’inscrit déjà dans les choix de
montage effectués à partir des enregistrements de terrain.
Cependant, il ne faut pas, à mon sens, négliger la part de subjectivité qu’intervient
déjà au plan de l’observation ethnographique. Le chercheur, cinéaste ou non,
interprète nécessairement le réel en choisissant à chaque fois un point de vue
pour l’observation et la construction des données.viii Pour autant qu’elle soit
pertinente en ethnographie, l’observation filmée portera donc elle aussi – et c’est
bien ainsi – la marque de l’auteur, peut-être dans une plus grande mesure qu’en
utilisant d’autres moyens de recherche.
A ce propos, mieux vaut éclaircir tout de suite le malentendu qui verrait dans ces
modalités d’enregistrement l’équivalent filmique d’une prise de notes écrites. Je
me suis toujours fermement opposée à cette interprétation, d’abord en raison de la
nature différente des deux moyens concernés (on ne peut réécrire un
enregistrement filmique comme on peut le faire d’un texte), mais aussi parce que,
dans la perspective méthodologique ici exposée, les enregistrements sont
élaborés de manière à être ensuite exploitables dans un, voire plusieurs, films de
montage. Ils sont donc conçus et filmés en vue d’une communication proprement
cinématographique, et ce malgré l’absence de toute écriture préalable de
scénario. ix

Le lien étroit entre recherche et moyens de communication

Dans cette perspective méthodologique, n’est évidemment pas prise en compte la
possibilité que l’ethnologue abandonne à d’autres le tournage ou l’ensemble de la
réalisation filmique, ce qui n’exclut pas, d’ailleurs, bien des formes de
collaborations possibles. Il est notamment reconnu que l’utilisation méthodique de
l’observation filmique parvient même à changer les habitudes de l’observation
directe de l’ethnologue.
Il existe ainsi un lien étroit entre les aptitudes du chercheur et les instruments de
recherche utilisés. Mais est également, sinon davantage, intéressante la mise en
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lumière de l’étroite relation existant entre communication et recherche, tant au plan
des objets qu’à celui des méthodes. Ainsi, dans un passage devenu célèbre en
anthropologie visuelle, Claudine de France souligne à quel point la recherche
dépend de la forme textuelle qui façonne, dans la plus grande majorité des cas, la
communication scientifique, y compris dans le domaine de l’anthropologie.x Il me
semble que les changements en cours au plan de la communication filmique
peuvent s’inscrire dans la continuité de cette perspective.
Indéniablement, la forme « film » a été largement dominante quant à la
communication des réalisations de recherche dans le domaine de l’anthropologie
visuelle.
Cela implique que la réalisation filmique doit s’adapter aux lieux et aux contextes
où ces produits, les films ethnographiques, peuvent être vus (salle de cinéma,
télévision, festival, etc.). Cette adéquation ne tient pas seulement aux supports et
aux formats utilisés ; elle concerne aussi les choix de mise en scène. Sont
essentiellement concernés la durée, l’unicité et la linéarité de la vision, mais aussi
les inclinations stylistiques liées à un usage qui s’apparente plus au spectacle qu’à
la lecture. Pour autant qu’une production de recherche puisse être libre de toute
contrainte commerciale, elle ne le sera pas vraiment du fait de sa soumission à
ces modes de diffusion, car plus elle s’en éloigne et moins elle sera
communiquée. La narration filmique a été et demeure étroitement liée à ses
formes d’usage. C’est d’ailleurs ce qui fait son charme, et loin de moi l’idée de
vouloir la renier en tant que telle.
La question qui se pose actuellement est plutôt de savoir de quelle manière ces
formes héritées de la structuration du film vont se transformer dans les nouveaux
médias de diffusion et, plus particulièrement, quelles peuvent en être les
retombées pour l’acquisition et l’organisation du corpus documentaire de
l’observation filmée.
Les observations filmiques pertinentes en ethnographie trouvent sans doute une
application cohérente dans les nouveaux médias de diffusion. Ce qui, dans le
processus de production d’un film, demeurait toujours dans l’ombre, ou plutôt dans
les armoires des chercheurs, c’est-à-dire l’ensemble du corpus des données
audio-visuelles enregistrées sur un terrain de recherche, peut à présent être
organisé et diffusé sur les nouveaux supports informatiques (DVD, Multimédia,
Internet, etc.). Ainsi, l’existence même de cette possibilité va vraisemblablement
accroître l’attention portée à l’observation filmée en tant que telle, comme à ses
qualités descriptives. Cet ensemble de documentation filmique n’a fait, d’ailleurs,
que s’amplifier, suite au passage de la cinématographie à la vidéographie, d’abord
analogique, à présent numérique. Cela n’exclut pas, bien au contraire, d’envisager
l’agencement des plans en vue de constituer des séquences filmiques cohérentes,
qu’il s’agisse d’un montage à la prise de vue, en plan-séquence, ou d’un montage
en postproduction. Ce sont plutôt les composantes « discursives » de la narration
filmique, me semble-t-il, qui changent d’objectif et, par là même, de forme de
communication, donc, de mise en scène.
La possibilité de communiquer les données de l’observation filmée entraîne celle
de les partager avec la communauté des chercheurs aussi bien qu’avec les
populations concernées. Cet aspect à lui seul laisse entrevoir la portée du
changement possible au plan des recherches comparées. Certes, cela ne fait que
prolonger ce que le film ethnographique a inauguré dès ses premiers pas, mais
l’ampleur quantitative du phénomène est telle qu’elle laisse prévoir de
considérables transformations qualitatives.
5
L’expérience de recherche filmique que j’ai menée à Samoa, en 2000, s’inscrit
directement dans le cadre d’une approche impliquant le partage des données
ethnographiques : le projet franco-canadien d’Encyclopédie Culturelle Hypermédia
de l’Océaniexi, qui prévoit l’élaboration sur le réseau Internet d’une base de
données coordonnée par un collège international de spécialistes. L’une des
principales caractéristiques du projet a été la conception, inspirée par les
neurosciences, des « attracteurs sémantiques » qui structurent l’organisation des
composantes culturelles de l’aire concernée en des « bassins d’attraction ».
L’interactivité de ce modèle autorise une représentation spatio-temporelle de
l’Océanie selon les paramètres choisis par chaque usager.
Prévue dès le départ de l’enquête, cette finalité de communication a influencé les
stratégies de mise en scène filmique, en accentuant la tendance méthodologique
précédemment décrite qui a pour but de recueillir des enregistrements pertinents
lors de chaque séance. Les tournages effectués à Samoa trouvaient donc dans
ECHO leur issue naturelle, mais la suspension du projet a marqué un temps
d’arrêt, propice à une réflexion.
Evidemment le multimédia demeure le moyen privilégié pour la communication de
ces enregistrements. Cependant la réalisation multimédia proprement dite (on-line
et off-line) suppose, encore aujourd’hui, un traitement informatique complexe et
coûteux, impliquant de la part des anthropologues des compétences dont ils sont
rarement détenteurs.
Conçus pour être montés en micro-modules, les enregistrements effectués à
Samoa se sont révélés difficiles à inclure dans un film de synthèse. En revanche,
bien des séquences thématiques ont pu être montées, et parfois montrées. Elles
trouvent à présent dans le DVD le support de diffusion le mieux adapté. Toutefois
demeure le problème persistant de l’intégration des informations complémentaires
en vue d’un approfondissement du sujet.
Il en va différemment des plus récentes recherches filmiques que j’ai menées en
Camargue, où de nouveaux supports informatiques de diffusion pouvaient être
envisagés, sans pour autant conditionner préalablement les enregistrements des
observations ethnographiques. Ainsi, la méthode de tournage évoquée dans cet
exposé pouvait également déboucher sur la réalisation de films de synthèse, tout
en commençant à bénéficier du nouveau support DVD pour l’assemblage et
l’organisation du corpus enregistré.
En guise de conclusion provisoire, je dirai qu’actuellement s’est mise en place une
phase, intermédiaire sans doute, au cours de laquelle de nouveaux supports
informatiques de communication, tel le DVD, accueillent et organisent
différemment les enregistrements filmiques issus des recherches
ethnographiques, mais dont la forme de chaque module monté ne se différencie
pas encore essentiellement des précédentes habitudes de visionnage. D’un autre
côté, les nouveaux médias qui introduisent de véritables nouveautés dans la
conception de la communication, comme le multimédia, ne sont pas encore
entièrement maîtrisables par le chercheur. Ainsi, par rapport à la réalisation
filmique, l’anthropologie multimédia revient en arrière, du moins sur un aspect
précis, d’un indéniable intérêt méthodologique, qui veut que l’anthropologue soit
l’auteur et le maître autonome de sa recherche, dès l’enquête à la communication.

1
Maître de conférences à l’Université de Nice-Sophia Antipolis
i
« La spécificité de l’investigation ethnographique doit être cherchée dans le dispositif de
l’enquête, qui donne son originalité à ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui « l’approche
anthropologique » des phénomènes sociaux et culturels. ». Izard M. « L’enquête
6

ethnographique » in Bonte-Izard, Dictionnaire de l’ethnologie et de l’anthropologie, 1991, Paris,
PUF, p. 470.
ii
Mauss M., Manuel d’ethnographie, 1947, Paris, Payot.
iii
Griaule M., Méthode de l’ethnographie, 1957, Paris, PUF.
iv
« On peut affirmer d’emblée que mettre en évidence les faits qu’il est impossible d’établir par
la seule observation directe et décrire ceux dont le langage rend difficilement compte
constituent les deux fonctions principales du film ethnographique. ». France C. de, Cinéma et
anthropologie,1982, Paris, Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, p. 5.
v
« Il s’agit d’appliquer une stratégie de tournage qui se plie aux exigences de l’observation
ethnographique et qui, dans le même temps, offre des qualités cinématographiques qui en
permettent successivement le montage, sans que soit conçu un programme de réalisation
précis. ». Paggi S., 1995, Thèse de Doctorat de l’Université de Paris X-Nanterre, p. 388.
vi
Entretien d’Alain Nicolas avec Jean Rouch : « A.N. : Est-ce que le cinéma a été un élément de
« progrès » pour l’anthropologie ? – J. R. : Pour l’ethnographie, oui. Dans le recueil de données,
c’est évident. Tu peux remettre en question des interprétations de données, des traductions,
mais pas des images… », in Jordan Pierre-L., Premier contact – Premier regard, 1992, Musées
de Marseille, Images en manœuvres éditions, p. 303.
vii
Jean Rouch répétait souvent que dans un film ethnographique le commentaire vieillit
beaucoup plus vite que les images.
viii
« Dans le domaine de la connaissance et de la communication de la connaissance,
l’interprétation est toujours en acte, sine qua non. La relation qui s’instaure entre l’objet
ethnographique – depuis le moment de sa collecte – et le chercheur est de ce fait une condition
essentielle à la construction des données. ». Paggi S., « De la mediacion del patrimonio
etnològico », in Patrimonio y pluralidad. Nuevas direcciones en antropologìa patrimonial (J. A.
Gonzàles Alcantud éd.), 2003, Biblioteca de etnologia, n°9, Granada, p. 104. [Notre traduction].
ix
« L’une des difficultés de cette méthode tient au fait que l’on doit privilégier, d’un côté
l’enregistrement filmique en vue de la documentation, de l’autre, l’approche ethnographique.
Ces deux aspects sont également importants pour la mémoire culturelle, car la documentation
filmée doit être compréhensible et analysable par d’autres personnes que le chercheur qui la
propose, et présenter simultanément les qualités d’une documentation ethnographique. Dans
cette relation de mixité réside, on le sait, le noyau fondamental de la discipline et aussi, à mon
sens, l’un des ses centres d’intérêt majeur. ». Paggi S., 1995, p. 388.
x
« Lorsque l’expression verbale est la traductrice principale et immédiate de l’observation
directe, l’ethnologue tend à procéder avec économie. (…) L’observation directe elle-même tend
à se subordonner à son mode d’expression ordinaire qui est l’évocation verbale dans la tradition
orale, l’écriture dans la culture écrite ; elle isole dans le flux du sensible ce qui peut être
aisément véhiculé par ce mode d’expression. L’ethnologue ne retient à l’extrême limite de son
observation, que ce qu’il sait pouvoir être aisément véhiculé par la parole et/ou l’écriture. »
France C. de, « Corps, matière et rite dans le film ethnographique », in Pour une anthropologie
visuelle (C. de France éd.), 1979, Mouton Editeur, Paris, p.142.
xi
Le projet ECHO a été conçu par Pierre-L. Jordan (Anthropologie et Hypermédia,
EHESS/CREDO, Marseille) et Pierre Maranda (Ethnosémiotique, Université Laval, Québec).