Séance spéciale « À propos d’un été » / Special screening « About a Summer »


dimanche 18 novembre 15h00 à 19h00 / Sunday 18th november 3.00 to 6.00pm • 

Maison des cultures du monde

 

séance spéciale animée par Antoine de Baecque 

avec/with Nadine Ballot, Néna Baratier, Marceline Loridan-Ivens, Hernán Rivera Mejia et sous réserve Edgar Morin (subject to change)

À PROPOS D’UN ÉTÉ  ABOUT A SUMMER
France | 2012 | 127 minutes | vf
un film de / directed byHernán Rivera Mejia (Pérou)
image /cinematography : Hernán Rivera Mejia
montage / editing : Laure Budin et Hernán Rivera Mejia
son / sound : Hernan Rivera Mejia
image et son / cinematography and sound interview Michel Brault : Daniel Arié
 
post-production : Laure Budin et Felipe Jovet
production/distribution : Hernan Rivera Mejia – riverahernan72(at)yahoo.com

« Jean Rouch : Autrement dit, nous avons voulu faire un film d’amour et on aboutit à un film d’indifférence, en tout cas dans lequel… non, pas d’indifférence…
Edgar Morin : non, les gens réagissent…
Jean Rouch  : de réaction et de re-action qui n’est pas forcement une réaction sympathique…
Edgar Morin  : c’est la difficulté de communiquer quelque chose. Nous sommes dans le bain… 
 
Jean Rouch et Edgar Morin sur les Champs-Élysées, sous la pluie, se disent au revoir pendant qu’on entend la question leitmotiv : « Est-ce que vous êtes heureux ? Êtes-vous heureux, monsieur ? »
Sur cette conclusion empreinte de déception, les auteurs – le sociologue Edgar Morin et le cinéaste-ethnologue Jean Rouch – signaient en 1960 la fin de leur aventure Chronique d’un été.
Une aventure cinématographique et humaine qui marquera fortement, par ses innovations techniques et narratives, le cinéma français, et le cinéma tout court. Avec une dynamique de travail assez révolutionnaire pour l’époque, une sorte de « work in progress » mis en abîme, des personnes d’âge et d’origine diverses s’expriment, parfois sur le ton de la confession, sur les questions de la vie, l’amour, le travail, la réalisation personnelle, la soumission ou la révolte, le bonheur en fin de compte.
Sur le plan éthique ou déontologique, le film laissera aussi de fortes empreintes : on n’avait jamais auparavant filmé des personnes s’exprimant sur leur vie de façon si intense et sincère sans tomber dans le voyeurisme. Et cela parce que les auteurs n’étaient pas seulement des meneurs de jeu, ils étaient également impliqués en tant que protagonistes dans la quête, les questionnements et les débats tout au long du film.
Porté par l’idée que ce film, compte tenu de toutes les questions qu’il soulève tant sur le plan cinématographique que sociologique se révèle d’une actualité surprenante, j’ai voulu cinquante ans plus tard revoir avec les mêmes protagonistes cette expérience unique baptisée par ses auteurs « cinéma vérité ».
On retrouve Nadine Ballot, Marceline Loridan, Jacques Gautrat, Edgar Morin et Jean-Pierre Sergent. Dans un premier moment, on essaie de parachever leurs portraits aujourd’hui, à l’écart de Chronique. Puis, progressivement et toujours à travers leurs témoignages, on va rentrer dans l’histoire du film : leur participation, leurs souvenirs, l’influence qu’il a eue dans leur vie, et la nature du regard qu’ils portent aujourd’hui sur le film, et sur eux-mêmes dans le film.
Enfin, pour mieux cerner la facture du film, on va intégrer les témoignages de Nena Baratier, une des monteuses, du directeur de production André Heinrich, et de Michel Brault, opérateur canadien, auteur des plus belles et surprenantes séquences de Chronique.
Dans un aller retour permanent entre présent et passé, ces témoignages vont se confronter mutuellement selon ce qu’ils évoquent, comme dans un jeu de miroirs, mais de miroirs brisés dont chaque morceau refléterait seulement une petite partie, dans une autre perspective ou sous un angle différent.
Ce film offre, sur le plan humain, les portraits de fortes personnalités, singulières chacune à sa manière. Et sur le plan cinématographique, il pose l’éternelle question concernant le réel : comment l’approcher ? Comment lui être fidèle ? Jusqu’où peut-on s’aventurer dans la mise en scène  ? En somme, comment l’acte de filmer influe ou agit sur le réel.
 
Hernán Rivera Mejia

 
ABOUT A SUMMER

« Jean Rouch: We wanted to make a film of love, but it’s turned out to be an impersonal kind of film, or if not impersonal…
Edgar Morin: No, people react…
Jean Rouch: One which elicits reactions, which aren’t necessarily sympathetic.
Edgar Morin: It’s a job getting anything across. We’re in for trouble… « 
 
Jean Rouch and Edgar Morin are walking on the Champs-Elysées, saying goodbye under the rain, while one hears the famous question: “Are you happy? Are you happy, Sir?”
With this conclusion full of disappointment, the authors – sociologist Edgar Morin, ethnologist and filmmaker Jean Rouch – co-signed, in 1960, the end of their adventure “Chronicle of a Summer”.
This cinematic and human adventure has, for its technical and narrative innovations, profoundly shaped the French cinema, and cinema itself. In this dynamic and revolutionary work – kind of a work in progress mis-en-abyme – people of various ages and backgrounds reveal themselves, sometimes in a confession mode, on the various issues of life: love, work, personal achievement, submission or rebellion, and ultimately happiness.
On the ethical level, the film left a strong impression: never before had people been filmed speaking about their lives so intensely and sincerely, without falling into voyeurism. This is because the authors were not just playmakers; they were inherently engaged as protagonists, in the quest, questions and debates they were filming.
The idea that this film, for the sociological and cinematic issues it raises, is surprisingly contemporary, led me to revisit, forty years later, with its protagonists, this unique experience which was coined by its authors: cinéma-vérité.
Catching up with Nadine Ballot, Marceline Loridan, Jacques Gautrat, Edgar Morin and Jean-Pierre Sergent, the film first tries to complete their portraits today, away from Chronicle. Then, gradually, and always through their testimonies, we get into the story of the film: their participation, their memories, the influence it had on their life, their perception of the film today, and of themselves in the film.
Finally, to better understand the making of the film, we integrate the testimonies of Nena Baratier, one of the editors, of Andre Heinrich, the production manager, and Canadian cinematographer Michel Brault, who shot the most beautiful and surprising sequences of Chronicle.
Constantly shifting between the present and the past, these testimonies confront each other. Like a game of mirrors – of broken mirrors – each piece only reflects a small part, from another perspective or in a different angle.
On a human level, this film shows the portraits of strong personalities, each unique in its own way. On a cinematic level, the film raises the eternal question of the real: how to approach it? How we can be faithful to it? How far can we go in the mise-en-scène? In short, how the act of filming influences or affects the real.
 
Hernán Rivera Mejia
 

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Hernán Rivera Mejia est né en 1956 au Pérou. Il étudie le cinéma dans son pays et il y réalise quelques courts métrages et documentaires avant de venir en France en 1986 pour suivre les cours en cinéma et anthropologie à l’université de Nanterre, où il obtient un DEA.
Filmographie : El último sueño (1975) – En la calle (1976) – Y después qué ?(1981) – Désirée (1989) Mention spéciale du Jury au 8e Bilan du Cinéma Ethnographique, Paris, 1989 – Tant métro poli (1997) – Wayana. Entre deux rives (1997) – Te quiero Pérou. Manuel Poirier (2000).
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