Introduction, Biographie, Bibliographie, Filmographie, Photo, Autres, Éditions, Publications
Sommaire de la biographie :
1940-1941
Durant l’offensive allemande de mai 1940, Jean Rouch est envoyé sur le front pour retenir la progression des troupes de la Wehrmacht à l’est de Paris. En juin et juillet, il se replie sur la région de Limoges, et, en août, il est à Marseille. À cette date, il est démobilisé. Il regagne Paris pour achever sa troisième et dernière année des Ponts. Le 11 novembre, il participe à la manifestation gaulliste des Champs-Elysées.
Aux vacances de Pâques, en 1941, avec deux de ses amis, Pierre Ponty et Jean Sauvy, il part en Bretagne « pour nager ». À la fin du printemps, ils prennent la décision de quitter la France, tout en prenant garde à ne pas attirer des représailles sur leurs familles respectives : ils vont s’engager comme ingénieurs des Travaux publics des Colonies. En juin, Rouch passe son diplôme d’ingénieur civil des Ponts et Chaussées et suit en même temps ses premiers cours d’ethnographie au musée de l’Homme avec pour professeurs Marcel Griaule et Michel Leiris.
Au cœur de l’automne, ils s’embarquent sur La Providence pour Dakar. J. Rouch est affecté à Niamey où il arrive en novembre pour y construire les routes de « l’Empire colonial français ». P. Ponty est resté à Dakar, tandis que J. Sauvy est envoyé en Guinée. Très rapidement, il fait la connaissance de celui qui allait devenir son meilleur ami au Niger, le pêcheur Sorko Damouré Zika.
1942-1945
Jean Rouch partage son temps entre la construction des routes qui relient Niamey à Gao et de Niamey à Ouagadougou. Un jour, il est appelé en urgence sur cette dernière pour assister, fasciné, à son premier rituel Songhay, un yenendi : dix de ses manœuvres ont été foudroyés par le génie du tonnerre Dongo. C’est à ce moment qu’il rencontre la vieille sorko Kalia, grand-mère de Damouré Zika, qui deviendra la principale informatrice de ses futures enquêtes. Un peu plus tard, il est présent au rituel organisé pour un noyé. Il envoie à Marcel Griaule et Germaine Dieterlen un rapport accompagné de photographies. Suite à ses deux expériences, il conçoit l’utilisation du cinéma comme un outil indispensable pour l’ethnographie, car il prend vite conscience que la photographie, qu’il a toujours beaucoup pratiquée, ne peut, à elle seule, rendre véritablement compte des cérémonies auxquelles il assistait.
Un peu avant la fin de cette année, pour des raisons mal connues il est expulsé par le gouverneur du Territoire du Niger. À Bamako, il retrouve ses deux compères et ils se promettent qu’une fois la guerre terminée, ils descendront le fleuve Niger depuis sa source jusqu’à son embouchure.
Arrivé à Dakar, pendant l’automne 1942, Rouch rencontre le professeur Théodore Monod, et travaille à l’Institut français d’Afrique noire (IFAN, qui deviendra au moment des indépendances l’Institut fondamental d’Afrique noire avant d’éclater en plusieurs instituts de recherche nationaux. Le centre du Sénégal gardera ce nom). À la bibliothèque de l’Institut il met en ordre ses fiches de terrain « en profitant des loisirs de la vie militaire ».
En février 1943, il s’engage dans une unité du Génie et participe aux manœuvres militaires avec les américains à Saint-Louis du Sénégal. Il rédige son premier article ethnographique, « Aperçu sur l’animisme Songhay », qui sera publié la même année dans Notes africaines. À cette occasion, une exposition présente les objets rituels songhay qu’il a rapporté du Niger.
Il quitte Dakar à la fin de l’année à bord d’un navire militaire qui le mènera à Casablanca au Maroc. Peu après, il participe au second débarquement franco-américain en Provence, le 15 août 1944, et remonte la vallée du Rhône comme adjoint au commandement de la section de reconnaissance du génie de la 1re Division Blindée. Au début de l’automne, il atteint les Vosges, puis l’Alsace par Mulhouse. Pour la fin de l’année, il obtient une permission qui lui permet d’aller à Paris revoir sa famille, mais également Marcel Griaule au musée de l’Homme.
Il se trouve à Ulm quand l’armistice est signée, et part pour effectuer une reconnaissance sur Berlin. C’est dans cette ville qu’il écrit un poème que Jean Cocteau fait publier dans la revue Fontaine ; ce texte aurait dû être la trame de son premier film, mais il le réalisera seulement quarante-deux ans plus tard, Couleur du temps, Berlin août 1945.
Jean Rouch est démobilisé en septembre avec le grade de capitaine de réserve du Génie. Sans perdre de temps, il rejoint le musée de l’Homme où l’atmosphère est lourde de sous-entendus dus aux rumeurs et aux accusations d’après-guerre. De nouveau, il suit les cours de Marcel Griaule, qui le décide à rédiger une thèse sur le génie de l’eau chez les Songhay du Niger, et s’inscrit à la Sorbonne. Il retrouve Pierre Ponty et Jean Sauvy. Tout en organisant ensemble les préparatifs de la descente du fleuve Niger, ils créent le personnage imaginaire du journaliste Jean-Pierre Jean pour travailler à l’Agence France Presse, comme pigistes, afin de financer en partie leur expédition, et ils associent leur mission avec celles du jeune groupe Liotard créé par le « Club des explorateurs ».
Publications :
1943 :
a. « Aperçu sur l’animisme Songhay », Notes Africaines, n° 39, Dakar, IFAN, pp. 4-8 (repris dans Les hommes et les dieux du fleuve, 1997).
1946-1947
A la fin de l’année universitaire, Jean Rouch est licencié ès lettres et quitte la France au début du mois de juillet pour le Niger avec Pierre Ponty et Jean Sauvy. Ils profitent du vol d’un avion Junker mis à la disposition de la mission Ogooué-Congo, dont l’embarquement et le décollage apparaissent dans le film de Jacques Becker Les rendez-vous de juillet (1946). A Niamey, Rouch retrouve Damouré Zika et les trois explorateurs gagnent les sources du Niger à la frontière entre la Guinée, la Sierra Leone et le Mali. Débute alors la descente de 4200 kilomètres en radeau, puis en pirogue. L’expédition dure neuf longs mois. Jean Rouch en rapporte les images de ce qui sera son premier film (Au pays des mages noirs). La mission s’achève en avril 1947, mais entre-temps des enquêtes sont menées sur les populations de pêcheurs Sorko ainsi que sur les Songhay et leurs cultes du génie de l’eau. Il rapporte au musée de l’Homme la première collection d’objets rituels songhay. En fin de cette même année, il organise une présentation des premières images qui composeront Au pays des mages noirs devant les ethnologues Claude Lévi-Strauss, André Leroi-Gourhan, Marcel Griaule et Michel Leiris. Une seconde projection se déroule au caveau de jazz Le Lorientais où joue Claude Luther.
Il participe au premier Congrès international du film d’ethnologie et de géographie humaine organisé par André Leroi-Gourhan à Paris .
Film(s) :
Au pays des mages noirs (qui sera le complément de programme en 1949 de Stromboli de Roberto Rossellini).
Publications :
1945 :
a. « Cultes des génies chez les Songhay », Journal de la Société des Africanistes, vol. XV, n° 15, Paris, pp. 15-32 (repris dans Les hommes et les dieux du fleuve, 1997).
1947 :
a. « Les pierres chantantes d’Ayorou », Notes Africaines, Dakar, IFAN, pp. 4-6.
b. « Pierres taillées de grosses dimensions en pays Kouranko », Notes Africaines, Dakar, IFAN, pp. 7-8.
c. Le petit Dan, en collaboration avec Jean Sauvy et Pierre Ponty, Paris, éditions AMG, 144 p.
1948-1949
En 1948, Jean Rouch est chargé de cours sur la religion Songhay au CHEAAM (Centre des Hautes Etudes sur l’Afrique et l’Asie Modernes) et entre au CNRS comme attaché de recherches et dispense un enseignement ethnographique au musée de l’Homme. Ces deux activités d’enseignement seront poursuivies jusqu’en 1952. Il effectue une nouvelle mission en voiture et à cheval, de septembre 1948 à mars 1949, en pays songhay (Anzourou, Goruol, Téra et liaison à cheval Dori-Hombori), et poursuit ses enquêtes sur la religion et la magie songhay.
Film(s) :
Initiation à la danse des possédés (Niger), qui reçoit le Grand Prix du Premier Festival International du Film Maudit, présidé par J. Cocteau ; Les magiciens de Wanzerbé (Niger) ; Circoncision (Niger).
Publications :
1948 :
a. « Banghawi, chasse à l’hippopotame au harpon par les pêcheurs Sorko du Moyen-Niger », Bulletin de l’IFAN, vol. X, Dakar, pp. 361-377 (repris dans Les hommes et les dieux du fleuve, 1997).
b. « Vers une littérature africaine », Présence africaine, n° 6, Paris, pp. 144-146.
1949 :
a. « Les gravures rupestres de Kourki », Bulletin IFAN, n° ?, Dakar, pp. 340-353.
b. « “Surf riding” en Côte d’Afrique », Notes Africaines, Dakar, IFAN, pp. 50-52.
c. « Chevauchée des génies, cultes de possession au Niger », Plaisir de France, Paris, 7 p.
d. « Les rapides de Boussa », Notes Africaines, Dakar, IFAN, pp. 89-98.
e. « La mort de Mungo Park », Notes Africaines, Dakar, IFAN, pp. 121-124.